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FORCES ARMEES DE LA CEDEAO POUR LE NORD DU MALI : Faut-il mourir pour des

2013-01-29 / admin

Si la géographie nous trompe, l’histoire ne ment pas ! Et l’histoire n’a jamais menti dans la géopolitique militaire où les armées voisines ou amies ont toujours volé au secours de pays en détresse par solidarité, certes, mais aussi pour défendre leurs propres intérêts. Dans l’armée sénégalaise, certains officiers vous le diront, il n’y a jamais eu une invasion d’un Etat souverain où l’Onu, la Cedeao, et l’Union Africaine ont longtemps traîné les pieds et les mains avant d’ intervenir. Le Nord du Mali constituait l’exception jusqu’à la semaine dernière avec l’opération « Serval » initiée et menée par la France. Et même si les autorités de la transition au Mali n’ont jamais été enthousiastes à l’idée d’une intervention étrangère dans leur pays, rien n’explique cette lenteur de la communauté internationale… Les puissances occidentales ont-elles pris tout leur temps tout simplement parce qu’il n’y a pas d’enjeux stratégiques au Mali, un pauvre pays sahélien où il n’y a ni gratte-ciel à protéger des attentats, ni bateaux à attaquer comme au large des côtes somaliennes, encore moins des puits de pétrole à faire sauter. Le Mali, un pauvre pays et un pays pauvre ! Un pays dont les deux tiers sont occupés par le désert et qui ne dispose pour seule richesseque d’un peu d’or et beaucoup de coton. Sauf dans la zone contrôlée par les terroristes qui regorgerait de minerais
Sans doute, en examinant à la loupe la carte des richesses du Mali, certains officiers du génie militaire occidentaux se sont rendus compte que le royaume de Soundiata Keïta ne vit que de manioc et de beurre de karité, tandis que ses braves femmes produisent de manière artisanale du « thioup » (tissus teints) surtout de la marque « Ganila »et vendent aussi des fruits de cueillette comme le « kong korong ». Avouez que, dans ces conditions, il n’y a pas de quoi mourir pour les beaux yeux du Mali ! Et même s’ils veulent tirer leur coup en pleine campagne militaire, les légionnaires étrangers seront obligés de pratiquer l’abstinence puisqu’ils ne verront autour d’eux que des filles en général voilées, c’est-à-dire enracinées dans des us et coutumes interdisant toute compagnie « galante ». Dans ces conditions, vous conviendrez avec nous qu’il existe des réalités socioéconomiques et socioculturelles qui font que ce pays n’exerce aucun attrait aux yeux des puissances étrangères. Et ce, contrairement, par exemple, à la région minière du Shaba située en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) qui renferme de très riches gisements de cobalt, de cuivre, de fer, d’or et de diamant… C’est pourquoi, lorsque cette province avait été envahie par des rebelles kantagais, en 1978, en une semaine, toutes les armées du monde avaient sonné l’alerte ! En effet, il y avait de quoi se mobiliser pour sauver la case minière du tout-puissant Mobutu Sese Seko, empereur du Zaïre. Surtout une case abritant d’immenses quantités d’or et de diamant. Et s’apprêtant à prendre feu ! De quoi sortir toutes les armées du monde de leur caserne. Non seulement les forces armées françaises et belges composées de parachutistes étaient déjà prêtes pour intervenir sur Kolwezi, mais encore elles se disputaient le commandement de la légion pour les beaux yeux du président Mobutu Sese Séko. Dans cette opération aux fortes récompenses, les Etats Unis d’Amérique ne comptaient pas se laisser oublier. Car, les experts militaires américains jouaient le rôle de distributeurs de « bouteilles d’eau » sur le tarmac de l’aéroport où ils avaient atterri avec un Boeing 707 transportant de la nourriture, des uniformes et de l’armement. Les diplomates en fonction alors vous confirmeront avec force détails que certains pays africains n’avaient pas eu besoin d’une résolution des Nations Unies ou d’un « feu vert » d’Addis Abéba pour s’inviter dans la bataille de Kolwezi. Bref, le riche Zaïre de Mobutu n’était pas comme le pauvre Mali de Dioncounda Traoré. L’essentiel, c’était d’avoir la bénédiction minière et financière du président Mobutu Sésé Séko. Extrait de l’interview que le colonel (Er) Ousmane Ndoye, alias Ndoye Mbao,nous a accordée il y a quelques mois. À la question de savoir dans quelles conditions le bataillon sénégalais s’était projeté au Zaïre ? l’ex-commandant du contingent sénégalais nous répondait ceci : « Dans des conditions extrêmement difficiles ! D’abord, dès notre arrivée à l’aéroport de Lubumbashi, il faisait très, très froid parce que notre paquetage renfermant nos couvertures devait être acheminé par un avion-cargo. Nous n’avons débarqué qu’avec nos armes et munitions. Pour ne pas mourir de froid, mes soldats cherchaient du bois dans les parages pour se chauffer. Après quelques minutes de rassemblement, nous sommes partis pour la ville de Kolwezi située à plus de 200 km de Lubumbashi. Nous avons rallié Kolwezi avec beaucoup de difficultés car l’officier marocain qui commandait la légion étrangère sous l’égide de la Force Inter Africaine (FIA) avait pris les meilleurs véhicules pour ses troupes. Et nous, soldats sénégalais, on n’avait que des carcasses. Mais comme tout bon soldat sénégalais, nous étions préparés à tout ! Avec le commandement marocain, j’ai eu mon ordre d’opération c’est-à-dire l’objectif de la mission » nous avait notamment confié le colonel (er) Ousmane Ndoye, commandant du bataillon des parachutistes sénégalais au Zaïre. Des contingents togolais, marocains et gabonais y étaient également pour l’honneur et la patrie… minière. Même l’armée ivoirienne avait donné sa contribution militaire en déployant une section d’infirmiers sur Kolwezi, faute de combattants !

OPERATION…KARITÉ
Seulement ce qu’il faut retenir de cette expédition internationale, c’est qu’en une nuit, cette forte légion avait chassé les rebelles katangais de la province du Shaba.
En considération des réalités géopolitiques du Nord Mali, force est de reconnaître que comparaison n’est pas raison. Car, au-delà de l’invasion par les islamistes des départements de Tombouctou, Gao et Kidal, le gouvernement de Bamako est confronté à une mutinerie au sein de l’armée malienne où une junte, qui avait pris le pouvoir en mars dernier, a délégué le pouvoir à des civils qui n’osent même pas aller au petit coin sans demander la permission au capitaine Amadou Haya Sanogo, le chef de cette junte.Laquelle demeure méfiante et hostile vis-à-vis d’un déploiement de forces africaines ou étrangères. Faut-il faire fi de l’influence politico-militaire de cette junte pour sauvegarder la sécurité et la stabilité sous-régionales mais aussi permettre au Mali de recouvrer son intégrité territoriale ?
A propos toujours de pays riches que la communauté internationale ne peut se permettre de laisser tomber, on peut aussi citer le Koweït envahi par les troupes du défunt dictateur irakien Saddam Hussein. Certes, entre un émirat dont le sous-sol regorge de pétrole et unpays sahélien, il n’y a pas photo ! Les Etats-Unis avaient rapidement battu le rappel des troupes internationales — pour ne pas donner l’impression d’une guerre exclusivement américaine —pour chasser les voleurs de pétrole du Koweït. La réaction militaire internationale à travers l’opération « Tempête du désert » — à laquelle l’armée sénégalaise avait participé — était tellement rapide et efficace que les soldats de Saddam avaient été balayés en quelques jours de combats et repoussés jusqu’à la frontière séparant leur pays de l’ex-« 19ème province » de l’Irak.
La « communauté internationale » était aussi intervenue en Côte d’Ivoire. Mais là aussi, il faut dire que le pays est l’un des premiers producteurs mondiaux de café et de cacao et que du pétrole y a aussi été découvert. Sans compter que les entreprises françaises y ont d’importants intérêts. Par conséquent, l’opération « Licorne » initiée et coordonnée par la France en valait largement la peine.
Tout cela pour dire quoi ? Qu’aucun Etat au monde n’aurait souhaité perdre des soldats au Mali pour un « diakhal » payé en monnaie de singe ou, plus précisément, en « kong korong ». C’est ce qui explique qu’au début de cette crise, la France ne voulait pas intervenir. Elle n’allait quand même pas perdre des soldats pour défendre des Africains ! Elle préférait plutôt apporter une aide logistique ainsi qu’un appui aérien à des contingents africains qui feraient la guerre sur le terrain et perdraient des hommes. Et si elle a brusquement changé d’avis au point de déclarer la guerre aux djihadistes, ces parce que ces derniers ont franchi une ligne rouge en attaquant la ville de Diabali située à quelques kilomètres de Mopti et étaient donc à portée de canon de Bamako. Pis, les rebelles avaient, pour ainsi dire, un boulevard devant eux dans la mesure où l’armée malienne n’était pas en mesure de leur apporter une résistance digne de ce nom. Lintervention soudaine de la France s’explique donc par le fait, entre autres raisons, q u’une éventuelle prise de Bamako aurait non seulement embrasé la sous-région, mais encore menacé ses intérêts ainsi que la vie de ses ressortissants dans la capitale malienne. En effet, rien qu’à Bamako, il y a plus de 75 filiales et sociétés à capitaux français. Sans compter les immenses investissements privés réalisés par des ressortissants français ou binationaux installés dans l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment et les grandes surfaces commerciales. Vous voyez ! Même si le Mali n’est pas la Libye ou la Rd Congo, sauvegarder la vie des ressortissants français et leurs intérêts valait bien une intervention militaire. Cela valait mieux en tout casqu’un gigantesque pont aérien visant à évacuer des milliers de ressortissants français laissant villas, magasins et usines entre les mains de pillards. Pour défendre avant tout ses propres intérêts, la France a donc déclaré la guerre aux terroristes islamistes et veut entraîner toutes les armées de la sous-région dans son aventure militaire. Lesquelles vont être en première ligne face aux djihadistes et donc payer le plus lourd tribut en termes de pertes en vies humaines. Une véritable opération… karité !

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