Il faut arrêter l’exploitation du charbon espagnol. Celle-ci n’est pas viable économiquement et surtout désastreuse d’un point de vue environnemental, estime l’organisation Ecologistas en Acción, alors que des milliers de mineurs sont en grève dans le pays. Pour résoudre la crise permanente du secteur minier, une seule solution, selon l’organisation espagnole : un plan d’aides publiques pour assurer la reconversion des mineurs. Et non un soutien à des entreprises minières qui se sont enrichies sur le dos des travailleurs. Ni une fuite en avant dans l’exploitation d’une ressource fossile vouée à disparaître.
Une fois de plus, à cause de la crise interminable que subit le secteur des mines de charbon en Espagne, nous assistons à une très grande mobilisation des populations minières de ces régions, victimes de coupes dans les budgets publics qui maintenaient en vie l’industrie du charbon. Les revendications des mineurs sont très largement soutenues par les populations locales, qui comptent sur les mines de charbon (tout comme les entreprises). Ainsi que par tous les partis politiques traditionnels, de droite comme de gauche. Leurs motivations divergent. Mais ils défendent tous le maintien de l’exploitation du charbon, et la ré-industrialisation de ces régions, qui menacent sans cesse de perdre leurs industries.
Ecologistas en Acción considère le moment opportun pour réaffirmer quelques analyses, systématiquement oubliées dans les discussions politiques sur le charbon :
- Le réchauffement climatique est un problème très grave qui va finir par nous échapper complètement, et qui doit être limité immédiatement. L’utilisation du charbon, une des ressources énergétiques qui émet le plus de CO2, témoigne d’une véritable insouciance vis à vis de l’environnement et va à l’encontre des recommandations scientifiques pour contrôler les émissions de gaz à effet de serre.
- L’exploitation du charbon est catastrophique pour l’environnement. Au niveau international, il contribue aux désastres provoqués par le changement climatique. Et localement, les procédés d’exploitation minière détruisent les territoires. Le charbon provoque de graves problèmes de santé pour les populations vivant à proximité des mines.
- Les énergies renouvelables existent et doivent se substituer aux énergies fossiles, et surtout au charbon, pour avancer vers une indépendance énergétique. L’entêtement à utiliser le charbon - pour la seule raison qu’il y en a - freine le développement des énergies renouvelables et de l’emploi dans ce secteur.
- L’excès de production électrique générée par les installations existantes en Espagne permet de supprimer, sans aucun problème technique, l’apport du charbon et celui de l’énergie nucléaire. Mais, cela ne se fait pas pour des raisons politiques. Les intérêts économiques liés au nucléaire et au charbon s’opposent à l’intérêt général, en matière énergétique et environnementale.
- Le charbon d’Aragon, comme tout le charbon espagnol, n’est pas et ne sera jamais compétitif économiquement. Sauf si nous externalisons les coûts sociaux et environnementaux, que nous payons tous par le dérèglement climatique et la pollution généralisée. Le charbon d’Aragon ne survit que grâce aux subventions publiques.
- L’exploitation du charbon en Aragon est complètement liée au fonctionnement de la centrale thermique d’Andorre, qui émet environ 7 millions de tonnes de CO2 par an (soit 1/3 des émissions de l’Aragon), ainsi qu’à l’activité de la future centrale thermique de Mequinenza (dont la construction a été approuvée) et de celle d’Arino (en projet). Ces deux centrales à venir, en brûlant des mélanges de déchets et de charbon, génèrent encore plus de pollution et de CO2 par Kilowatt/h produit.
- L’exploitation du charbon n’est pas une bonne stratégie pour notre développement social et technologique futur. Cette obsession à vouloir utiliser du charbon, une ressource fossile qui finira de toute façon par être épuisée, empêche la recherche d’alternatives de développement local et éloigne les possibilités de financement pour les technologies renouvelables. Des technologies dans lesquelles investissent d’autres pays, et qui se révéleront bien plus avantageuses que le charbon, tant au niveau économique qu’environnemental. Parier sur le charbon, c’est parier sur le mauvais cheval.
- Justifier l’avenir du charbon en prétendant capter et enfouir le CO2 émis est un argument peu solide. En supposant que cela soit techniquement possible (mais cela reste à prouver), il faudrait attendre 15 ou 20 ans pour que de tels procédés puissent s’appliquer sur les centrales thermiques d’Aragon. De plus, le fait de consacrer une partie de l’énergie libérée à la séquestration du CO2 rendra le charbon encore moins compétitif.
- Malgré les budgets publics importants affectés à ce secteur depuis des années, la reconversion industrielle de ces régions s’est mal faite. C’est ce que l’on déduit quand on entend dire dans régions qu’il n’existe aucune alternative au charbon. Il est donc nécessaire d’analyser les erreurs pour ne pas les répéter et d’établir les responsabilités de cet échec.
A Ecologistas en Acción d’Aragon, nous comprenons la situation difficile des travailleurs du charbon et sommes conscients du contexte économique et politique difficile dans lequel nous nous trouvons, avec une attaque néo-libérale frontale sur les droits sociaux. Mais nous considérons que la seule issue pour une défense sociale des régions minières, en respectant l’environnement, passe par :
- L’arrêt de l’exploitation du charbon, qu’il soit de provenance espagnole ou importé. Il faut donner la priorité aux sources énergétiques les moins polluantes et ne plus subventionner l’exploitation du charbon.
- Les régions minières doivent être aidées, mais après une étude sérieuse qui détermine les besoins prioritaires. Les aides doivent être conditionnées à l’arrêt des mines et des centrales thermiques. Arrêt qui doit se faire non seulement pour des raisons économiques, mais surtout à cause des problèmes environnementaux.
- Les aides doivent aller aux mineurs, aux travailleurs des entreprises dépendantes du charbon, et aux nouvelles entreprises, mais certainement pas aux entreprises minières qui se sont enrichies sur le dos des travailleurs et de la population locale.
Dans le cas contraire, les régions minières continueront leur lente agonie et finiront, de toute façon, par fermer les mines. Une société qui a conscience des problèmes environnementaux, si graves et si urgents, auxquels nous sommes confrontés, ne peut pas se permettre de ne développer qu’un seul secteur de production, celui du charbon, et ainsi nous empêcher de lutter contre le dérèglement climatique qui nécessite une réduction globale des émissions de CO2.
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