C’est l’attente pour les quelques 1300 travailleurs concernés par les fermetures d’unités du froid à Liège depuis la décision communiquée par le groupe ArcelorMittal jeudi. Les responsables politiques ont décidé de chercher un repreneur, les syndicats les y encouragent en leur demandant un engagement substantiel mais temporaire de la Région. Mais est-ce qu’un investisseur pourrait croire en la viabilité d’un nouveau projet industriel avec les outils de la sidérurgie liégeoise ?
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Lire le rapport Laplace contesté
La question a déjà été posée, il y a tout juste un an. En octobre 2011, ArcelorMittal décidait de l’arrêt de la phase à chaud.
Un premier rapport a été demandé au bureau de consultance Laplace Conseil,fin 2011, par la Société Wallonne de Gestion et de Participations (SOGEPA). Ses conclusions avaient fait l’effet d’une bombe.
Son président, Marcel Genêt, y affirmait que l’industrie du chaud à Liège était condamnée. "La fermeture du chaud à Liège est irréversible. Le froid est très menacé et son approvisionnement par Dunkerque ne garantirait pas son équilibre économique. Le financement complet par ArcelorMittal des coûts sociaux et environnementaux pour la remise en étant des sites fermés n'est pas assuré", pouvait-on y lire.
Un rapport désavoué
Mais le consultant liégeois ne s’arrêtait pas là. Il pointait l’attitude des syndicats, responsables d’une "attitude quasi exclusivement revendicative fondée sur la contestation permanente de toute évolution, le recours systématique à la grève, souvent accompagnée d'exactions et de saccages (...)". Le site sidérurgique sortait d’une confrontation très dure entre les travailleurs et la direction, suite à la mise à l’arrêt du haut fourneau.
Sauver la filière du froid ne semblait pas impossible, d’après le rapport Laplace, à condition que des investissements soient consentis, et que la confiance sociale soit rétablie.
Le rapport, ainsi que les sorties médiatiques de Marcel Genêt, ont donc été fraichement accueillis par les syndicats, mais également par le gouvernement wallon. "Il n'est pas possible de donner suite à ce rapport en raison de ses incohérences intellectuelles", commentait sans autre forme de procès le ministre de l’Economie Jean-Claude Marcourt (PS).
La sidérurgie à Liège: c'est faisable...
La Région souhaite alors s’appuyer sur une autre expertise : celle du bureau français de consultance, Syndex. Dans une étude remise aux dirigeants européens d’ArcelorMittal, ainsi que dans un rapport commandité par la Région wallonne, Syndex arrive à des conclusions radicalement différentes de celles présentées par le bureau Laplace Conseil.
Le premier document assure que la phase à chaud de la sidérurgie liégeoise est bien viable, mais que le géant de l’acier a décidé de pas suffisamment y investir.
Le second, remis en juin 2012 au gouvernement wallon, ne diffère pas dans ses conclusions : le bureau d’expertise y est favorable à l’industrie sidérurgique en région liégeoise. Les atouts ne manqueraient pas : flexibilité de la main d'œuvre, sites de production proches des constructeurs automobiles, capacité de développer de nouveaux produits…
... si c'est intégré
Mais Syndex ne donnait pas cher de l'avenir du froid à Liège sans la présence du chaud "car son approvisionnement par le site de Dunkerque, comme le prévoit actuellement ArcelorMittal, n'est pas satisfaisant".
Le rapport estimait par ailleurs que les investissements nécessaires à la relance de la phase à chaud et à la consolidation d’une industrie intégrée devraient coûter 300 millions à court terme. Le coût de la fermeture du site, estimé à plus d'un milliard d'euros, serait donc plus élevé que le montant nécessaire à sa relance.
Les travailleurs mettaient déjà en garde : le découplage de la phase à chaud et du cycle à froid mènerait à la disparition de l’industrie sidérurgique à Liège. Le géant de l’acier promettait pourtant l’inverse. Aujourd’hui, les responsables politiques recommencent leur quête de repreneur. Mais la direction d'ArcelorMittal exclut toujours de céder les outils.
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