Depuis août dernier, le prix du minerai de fer a rebondi de 60 %. Il était alors à son plus bas niveau depuis trois ans. Tombé à 87 dollars la tonne, le prix du minerai importé livré sur le port de Tianjin en Chine (considéré comme le cours de référence) est remonté à plus de 139 dollars, encore loin de son plus haut de 2011 (191 dollars). Le prix du fer est perçu comme un signe avant-coureur de la reprise économique. Et si la tendance reste déprimée en Europe et aux Etats-Unis, les marchés commencent à rejouer la croissance chinoise. Car les sidérurgistes locaux, principaux consommateurs de fer avec près de la moitié de l'acier fabriqué dans le monde, continuent de tourner à plein régime. Leur production d'acier a encore augmenté de 14 % en novembre. Et plutôt que d'acheter aux producteurs brésiliens ou australiens, ils ont préféré puiser dans leurs stocks au troisième trimestre. Les inventaires ont chuté de 19 % fin octobre dans les ports chinois, à 71 millions de tonnes. Ils n'avaient pas été aussi bas depuis deux ans.
Relance des constructions
Toutefois, depuis quelques semaines, ils ont repris massivement leurs importations et ont commencé à reconstituer les stocks. Ils profitent des prix bas, mais aussi de la chute des coûts du fret. La location d'un « capesize », cargo géant capable de transporter jusqu'à 400.000 tonnes de minerai, a chuté de moitié depuis octobre. Selon les analystes interrogés par Bloomberg, la Chine devrait importer l'an prochain 778 millions de tonnes de minerai de fer, soit près de 7 % de plus qu'en 2012. La reprise semble d'ailleurs bien se dessiner. La Chine vient d'annoncer la plus forte hausse de production manufacturière en dix-neuf mois, à 51,5 en novembre pour l'indice PMI. Dans ce contexte, la société Westpac Banking Corp. fixe un objectif de cours à 170 dollars la tonne d'ici au mois de juin. Son analyste vedette, Justin Smirk, est réputé pour avoir anticipé la chute des cours cette année. Et il « reste positif sur ce métal. Nous voyons la reprise venir de Chine. Le pays a modifié sa politique économique, avec plus de stimuli et moins d'austérité ». La Chine a en effet relancé un certain nombre de projets d'investissements importants, dans le train à grande vitesse, mais aussi dans la construction de 2.000 kilomètres de routes et de métros dans 18 villes. Le marché du fer est très sensible aux marchés du transport et de la construction.
Face à la chute des cours, les grands producteurs comme Vale, BHP Billiton ou Anglo American avaient vivement réagi, à coups de fermetures de mines, de cessions d'actifs et de coupes sèches dans les investissements. Ce qui a contribué à réduire l'offre. Une politique qui a porté ses fruits. Le climat est d'ailleurs en train de changer. L'australien Fortescue va ainsi reprendre en janvier ses travaux d'agrandissement de sa mine de King, dans la région de Pilbara. Il compte augmenter sa production de 40 millions de tonnes pour la porter à 155 millions par an fin 2013.
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